Avec ce thème présenté à l’occasion de nos séances du vendredi nous abordons non seulement le dernier des 7 pré-requis nécessaires à la bonne résolution des Finales de pions mais nous abordons aussi l’un des thèmes les plus difficiles de la théorie des Echecs.
Rien d’insurmontable toutefois, il suffit d’un peu de patience et d’attention pour arriver à en comprendre le mécanisme ; la difficulté majeure consistant à calculer sur l’échiquier les possibilités d’exploitation de cette théorie!
Allons-y progressivement !
Autant le dire immédiatement, les cases conjuguées ne sont rien d’autre qu’une caractéristique positionnelle qu’il est possible ou pas d’exploiter!
Petite explication. Au hasard d’une position on s’aperçoit qu’à un coup des Blancs correspond un coup précis des Noirs (ou inversement), amenant à une répétition de la séquence de coups afin de ne pas concéder un avantage spatial pouvant lui-même conduire à concéder du matériel. Dans l’obligation de jouer, le camp au trait n’a pas d’autre recours que de jouer un coup amenant un coup en réponse précis de la part du camp opposé. L’existence d’un zugzwang conditionne donc l’existence des cases conjuguées, le joueur au trait préférant que ce soit à l’adversaire de jouer ! Cette notion a déjà été évoquée à l’occasion de la règle de l’opposition, théorie relevant par ailleurs de la théorie des cases conjuguées, la boucle est bouclée ! On l’a vue aussi dans le cadre du piège du Trébuchet, le pion au trait devant s’écarter de la position défensive qu’il occupe, le camp en zugzwang perdant la position. La stratégie propre à l’opposition, au Trébuchet, aux cases conjuguées et la triangulation sont toutes des notions découlant de l’existence d’un zugzwang.
Pour en revenir à nos cases conjuguées, on peut donc simplifier l’énoncé en disant qu’à un coup donné correspond un coup en réponse de l’adversaire permettant de ne pas mettre la position en péril et de la conserver en l’état. Soit un coup « a » et un coup « a’ » formant le couple « ( a, a’) ». Au départ de cette nouvelle position on se retrouve à nouveau dans l’obligation d’occuper une place idéale pour maintenir la position en l’état. Soit la formation d’un nouveau couple « (b, b’) » ! Ce couple (b,b’) peut marquer soit le retour aux cases de départ ( nulle par répétition de coups) soit être le point de départ vers d’autres cases…. Dans certains cas on peut noter jusqu’à une vingtaine de couples de cases conjuguées avant de revenir à la position initiale, le retour à la position initiale étant une constante inéluctable propre aux cases conjuguées.
L’existence de cases conjuguées et l’exploitation de la théorie qui s’y rapporte supposent non seulement l’existence d’un zugzwang mais supposent aussi l’existence d’un minimum de deux couples de coups afin de maintenir la position en équilibre sans concéder ni espace ni matériel.
La nulle par répétition de coups que deux Rois pourraient obtenir est l’exemple de la forme la plus simple de cases conjuguées. Toutefois une telle position peut parfois réserver des surprises s’il existe la possibilité pour l’un des camps de briser la répétition en occupant temporairement une case différente que celles de la séquence initiale. C’est ce que l’on appelle la triangulation ! L’existence d’une case supplémentaire permet de sortir du cycle de répétition de coups en perdant un tempo sur l’ordre de répétition! La perte de ce tempo permet d’inverser le trait au départ de la position initiale et de percer la défense adverse qui est alors forcée de concéder de l’espace ou du matériel !
La triangulation n’est donc rien d’autre qu’une technique destinée à rompre le zugzwang initial en inversant la possession du trait au départ de la position problématique!