Pas simple cette histoire ! Enfin, nous étions prévenus! Après quelques malheureuses approximations la semaine dernière durant la présentation de la théorie sur les cases conjuguées, les choses ont été clarifiées à l’occasion de cette nouvelle séance de formation !

Un petit mot d’explication s’impose ! Attention les neurones, ça va faire mal !

Pour faire court il semble qu’il y ait bel et bien cases conjuguées et cases conjuguées et que les exemples évoqués la semaine dernière relevaient, pour certains d’entre eux, de la seconde catégorie, rendant caduques certaines explications….Quelles sont ces catégories ?

La première, la plus simple, la plus spontanément compréhensible, correspond à l’existence de couples de cases correspondant aux positions réciproques que chacun des Rois se doit d’occuper pour optimiser ses objectifs spécifiques. Cette relation est basée sur l’idée que chacun essaye de jouer le meilleur coup pour d’une part, pénétrer la position et d’autre part pour s’opposer à la pénétration. On l’a vu, je le rappelle, les cases conjuguées correspondent à une occupation territoriale donnée où chacun des camps espère ne pas avoir le trait car le posséder empêche de rencontrer les objectifs spécifiques qu’il poursuit.  Les exemples illustrant cette catégorie se montrent d’une belle complexité mais la difficulté est essentiellement liée à l’identification des couples de cases conjuguées, le nombre de ces couples pouvant parfois être d’une vingtaine comme certaines études se plaisent à le montrer ! Néanmoins avec un peu d’application, les cas les plus simples sont à notre portée pour autant que nous soyons en mesure de calculer avec assez de profondeur les lignes à suivre. Dans cette série d’exemples, la solution passant par la triangulation reste du concevable pour le commun des joueurs d’échecs même si les séances de calcul sont parfois longues.

Passons maintenant à la seconde catégorie, celle dont dépendaient certains exemples de la semaine dernière  et qui ont nécessité qu’on s’y replonge… Si les notions de base restent identiques la différence fondamentale réside dans le fait que les couples de cases conjuguées peuvent se définir également sur base de la relation « a est le coup qui optimalise la volonté de l’adversaire de pénétrer mon territoire, a’ est le coup que je ne peux pas jouer pour optimaliser ma défense ». Les problèmes posés par ces positions spécifiques se montrent d’une autre complexité ! On en reparlera !…

Quoiqu’il en soit, la manœuvre destinée à se sortir du cercle vicieux des cases conjuguées reste la même et porte le doux nom de « triangulation » ! Pratiquement la « triangulation » repose sur la capacité du camp au trait d’inverser la possession du trait lorsque les deux camps reviendront à la position initiale après avoir parcouru l’ensemble du cycle des cases conjuguées ! C’est simple, non ?!

Ben si ! En tous les cas le principe n’est pas très compliqué ! Il suffit de rendre un tempo à l’adversaire pour y arriver !…. L’essayer c’est l’adopter ! Voici donc la position que je vous propose de porter sur un échiquier pour vérifier et comprendre ce qu’il en est !

Position de départ

Blancs : a5,Rc5,c6

Noirs : a6,Rc7

Trait aux Blancs

Dans cette position on s’aperçoit que si le Roi Blanc peut s’emparer de a6 les choses pourraient rapidement tourner à leur avantage.

Deux cas de figure :

1° Les Noirs sont au trait et doivent reculer car les Blancs détiennent l’opposition au travers de la case c6…Reculant les Noirs concèdent donc l’accès à la case b6 sans pouvoir par la suite s’opposer à la prise de a6 et à la promotion de l’un des deux pions blancs.

2° Les Blancs sont au trait et ne peuvent ni pénétrer la position ni quitter le contrôle de leur pion

Conclusion : les Blancs sont en zugzwang et doivent trouver une parade leur permettant de pénétrer la position. Ceci est théoriquement possible au vu de l’examen préalable de la position à la condition de PERDRE (concéder) un tempo càd de modifier la séquence des coups actuellement favorable au défenseur.

La séquence bloquant la position est celle correspondant à l’arrivée respective des Rois sur la position. A l’arrivée du Roi Blanc en c5 correspond l’arrivée simultanée du Roi Noir en c7. Les Blancs rêvent donc de d’abord voir s’installer les Noirs en c7 et d’arriver en c5 à leur suite. Dès lors, le trait étant aux Noirs, ceux-ci devraient alors s’écarter ce dont profiteraient les Blancs pour passer en b6.

-> On peut donc dire que l’occupation des cases c5 et C7 sont liées entre elles par la « relation » de défense propre à la position . On dit que c5 et c7 sont conjuguées pour l’occupation de b6.

Ces deux cases conjuguées correspondent au plan consistant à occuper b6.

Rb6 n’est cependant pas la seule case intéressante que les Blancs souhaitent occuper pour gagner. Un plan alternatif pourrait être de tenter la promotion de son pion en l’accompagnant dans son voyage. Il suffirait donc au roi Blanc d’occuper une case efficace pour y parvenir. Dans cette position les cases efficaces seraient d7,c7,b7. Or , pour arriver en d7 il faut que les Blancs occupent Rd6, position à laquelle correspond le Rd8, s’opposant au placement sur d7 à condition que les Blancs soient au trait. A l’inverse, les Noirs devraient s’écarter.

-> Les cases d6 et d8 sont conjuguées pour l’occupation de d7 Enfin, on constate que les deux cases c7 et d8 que doivent occuper les N pour répondre aux tentatives d’intrusion du Roi Blanc peuvent être atteintes au départ d’une même case, la case c8. De leur côté les Blancs peuvent atteindre les cases c5 et d6 au départ de la case d5. Il en résulte que d5 et c8 sont conjuguées elles aussi.

On a donc un réseau, dans ce cas, de cases conjuguées 2 à 2. Le réseau des cases conjuguées se trace en faisant le tableau de l’ensemble des positions que les deux Rois souhaitent occuper sans avoir le trait.

Zugzwang et triangulation (suite et fin provisoire)